mardi 29 juillet 2008

Buenas !

Bon ben pour le moment je suis toujours à Potosi. Je devais normalement partir pour Sucre Lundi matin, mais il s'est trouvé que Roberto un pote de Potosi fete son anniversaire mercredi et qu'il m'a invité à venir. En toute honneteté, je n'avais aucune envie de partir et cela m'a donné une raison pour rester un peu plus ici. Le truc, c'est que quand on arrive dans une ville on ne connait rien ni personne. Avec le temps cela vient ; la ville ne nous es plus inconnue et des liens se sont creer avec certaines personnes. Et voilà, j'ai réussi les deux dans cette ville, et il va falloir tout recommencer à Sucre. Enfin bon je ne vais pas m'en pleindre, mais ça fait toujours plaisir de vivre une ville un peu autrement qu'un touriste. Ce luxe de ne pas devoir courir partout à la rencontre des endroits à visiter ou des gens à rencontrer est vraiment agréable. Cependant à voyager comme cela, il faut savoir faire la croix sur des villes, sur des lieux que j'aurais beaucoup voulu voir. Le temps est le plus grand luxe du voyageur et je vois qu'il défile à une vitesse folle. Cela fait aujourd'hui trois semaines que je voyage. Il ne me reste aujourd'hui plus qu'un peu plus de trois semaines de voyage, et il me reste tant à faire, tant de choses que je voudrais encore faire. Il faut par ailleurs que je compte près de 5 jours pour rentrer sur Buenos Aires, on ne sait jamais ce qui peut se passer, le bloquage des routes étant en ce moment a la mode.
Samedi dernier j'ai été visiter les mines de Potosi qui sont je crois un passage obliger pour connaitre l'histoire d'un pays et tout particulierement de Potosi. J'en ai ressorti deux impressions. La premiere c'est que cette visite ne peut se faire qu'avec une agence de voyage et donc avec des groupes entiers de touristes. Et cela moi je n'aime pas trop. Bon , malgré tout j'ai rencontré des gens sympas, mais généralement quand je peux éviter, je le fais.
Les mines de Potosi sont exploitées par des coopératives de mineurs, ce qui est je trouve une tres bonne chose. Elles travaillent donc en colaboration avec les agences qui font visiter. Cependant, le marché est super injuste, le mineurs se font couillonner en beauté et ne retire preque rien des touristes. De plus, il est pratique courante que les touristes apportent avec eux des cadeaux (dynamite, feuille de coca) aux mineurs. On se rend donc au marché pour les achter. Le probleme est que le touriste paye trois fois plus cher les produits et ne peut rien y faire. Encore un fois le mineur y est perdant. Si on nous vendait les articles a prix réel, on pourrait en acheter plus pour le même prix. Cela serait déja des choses en moins au mineur a acheter. Donc voila pour la partie qui m'a déplu.
L'autre partie m'a porfondément bouleverser. On rentre dans la mine par une petite entrée, seule pourte pour accéder au coeur de la motagne. Dedans il fait nuit noir et plus on avance plus la température augmente. On passe rapidement a 25° / 30°. Il fait tres sec et toute forme d'humidité disparait, de l'air et de notre corps. Les galeries sont pour la plupart tres petite, et on est parfois forcé a ramper. De tous les côtés, partent d'autres bras, d'autres galerie.
Et puis c'est la rencontre avec les premiers mineurs, plus on s'enfonce dans la montagne. On se sent un peu géné de les regarder au début car on ne veut surtout pas se retrouver au zoo... Mais les mineurs sont tres fiers de leur travaille et aiment montrer aux visiteurs les conditions de travaillent dans lequelles ils vivent. Puis on continue la visite pour se retrouver face a face avec un gamin de 15 ans. Il est ici pour aider son pere, mais il y a toutes les chances pour qu'ils finissent lui aussi a travailler dans les mines. Les mineurs touchent leur retraite a partir de 60 ans. Cependant, leur espérance de vie ne dépasse pas les 45 ans... Triste irronie du sort.
Hier on est allé faire une ballade a la campagne, ou plutôt une excusion dans la montagne. Derriere Potosi, se trouvent des lagunes artificielles que les espagnols ont construites il y a 400 ans. Pendant pres de trois heures nous avons grimpé dans la motagne pour atteindre ces montagnes et se faire un pic-nic. C'était merveilleusement beau, ces lagunes bleues qui contrastaient avec le gris de montagnes. Cependant c'était exténuant. On a dû grimpé a 4500 metres d'altitude, et on sent bien notre coeur battre a tout rompre. Epuisés, nous nous sommes, une fois le soir venu, réfugiés dans un cinéma pour voir un film d'horreur. Mon premier dans le genre et en plus de cela dans un cinema qui semble datter des années 20 a la température qui ne doit pas dépasser les 10°. Génial quoi ! La journée s'est terminer sur une manifestation de tous les secteurs public pour causes de retraites ; comme quoi les préoccupations sont un peu les mêmes partout... Sauf qu'ici les grêves ne veulent pas dire la même chose. Depuis hier les profs sont en greve, dans le public comme dans le privé mais ici il n'y a pas de date buttoire. Cette greve est illimite. On cherche véritablement ici a créer un rapport de force le plus important possible. Lecons à prendre ? ...

je vous ajoute juste la lettre ouverte de Morales à nos pays européens en ce qui concerne la politique immigration :

Jusqu’à la fin de la seconde guerre mondial, l’Europe fut un continent d’émigrants. Des dizaines de millions d’européens partirent aux Amériques pour coloniser, échapper aux famines, aux crises financières, aux guerres ou aux totalitarismes européens et à la persécution des minorités ethniques. Aujourd’hui, je suis avec préoccupation le processus de la dite « directive retour ». Le texte, validé le 5 juin dernier par les ministres de l’intérieur des 27 pays de l’Union Européenne, doit être voté le 18 juin au Parlement Européen. Je sens que se durcissent de manière drastique les conditions de détention et d’expulsion des migrants sans papier, quelle que soient leur temps de permanence dans les pays européens, leur situation de travail, leurs liens familiaux, leur volonté et leurs efforts d’intégration.

Les européens arrivèrent massivement en Amérique Latine et aux États-Unis, sans visas ni conditions imposées par les autorités. Ils furent toujours bienvenus et continuent de l’être dans nos pays du continent américain, qui alors absorbèrent la misère économique européenne et ses crises politiques. Ils vinrent sur notre continent pour exploiter les richesses et les transférer en Europe, avec un coût très élevé pour les populations indigènes d’Amérique. Comme c’est le cas de notre Cerro Rico de Potosi et de ses fabuleuses mines d’argent qui ont apporté la masse monétaire au continent européen du XVIème au XIXème siècle. Les personnes, les biens et les droits des migrants européens furent toujours respectés.

Aujourd’hui, l’Union Européenne est la destination principale des migrants du monde, conséquence de son image positive d’espace de prospérité et de libertés publiques. L’immense majorité des migrants va a l’UE pour contribuer à cette prospérité, et non pour en profiter. Ils occupent des postes dans les travaux publics, la construction, les services aux personnes et les hôpitaux, postes que ne peuvent ou ne veulent pas occuper les européens. Ils contribuent au dynamisme démographique du continent européen, à maintenir la relation entre actifs et inactifs que rendent possible vos généreux systèmes de sécurité sociale et ils dynamisent le marché interne et la cohésion sociale. Les migrants offrent une solution aux problèmes démographiques et financiers de l’UE.

Pour nous, nos migrants représentent l’aide au développement que les européens ne nous donnent pas –en effet, peu de pays atteignent réellement l’objectif minimum de 0.7 % de leur PIB pour l’aide au développement. L’Amérique Latine a reçu, en 2006, 68 000 millions de dollars de transferts de fonds, soit plus que le total des investissements étrangers dans nos pays. Au niveau mondial, ils atteignent 300 000 millions de dollars, dépassant les 104 000 millions accordés pour l’aide au développement. Mon propre pays, la Bolivie, reçoit plus de 10% du PIB en transferts (1 100 millions de dollars) ou un tiers de nos exportations annuelles de gaz naturel.

Cela signifie que les flux migratoires sont bénéfiques autant pour les Européens que pour nous autres du Tiers Monde, bien que de manière marginale puisque nous perdons également des contingents de main d’œuvre qualifiés qui se comptent par millions, et pour lesquels, d’une manière ou d’une autre, nos États, bien que pauvres, ont investi des ressources humaines et financières.

Lamentablement, le projet de « directive retour » complique terriblement cette réalité. Si nous concevons que chaque État ou groupe d’États peut définir ses politiques migratoires en toute souveraineté, nous ne pouvons accepter que les droits fondamentaux des personnes soient niés à nos compatriotes et frères latino-américains. La « directive retour » prévoit la possibilité d’un emprisonnement des migrants sans papier allant jusqu’à 18 mois avant leur expulsion – ou « éloignement », selon les termes de la directive. 18 mois ! Sans jugement ni justice ! Tel qu’il est aujourd’hui, le projet de texte de la directive viole clairement les articles 2, 3, 5, 6, 7, 8, et 9 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948. En particulier l’article 13 de la Déclaration annonce :

« 1. Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un Etat.

2. Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays. »

Et, le pire de tout, il existe la possibilité d’emprisonner des mères de familles et des mineurs, sans tenir compte de leur situation familiale ou scolaire, dans des centres d’internement où nous savons que les dépressions, les grèves de la faim et les suicides existent. Comment peut-on accepter sans réagir que soient concentrés dans des camps des compatriotes et frères latino-américains sans papier qui, pour une immense majorité ont passé des années à travailler et à s’intégrer ? De quel côté est aujourd’hui le devoir d’ingérence humanitaire ? Où est la « liberté de circuler », la protection contre l’emprisonnement arbitraire ?

Parallèlement, l’Union Européenne essaie de convaincre la Communauté Andine des Nations (Bolivie, Colombie, Equateur et Pérou) de signer un « Accord d’Association » qui comprend en troisième pilier, un Traité de Libre Commerce, de la même nature et contenu que ceux qu’imposent les États-Unis. Nous subissons une intense pression de la part de la Commission Européenne pour accepter des conditions de profonde libéralisation pour le commerce, les services financiers, la propriété intellectuelle ou nos services publiques. De plus, au nom de la protection juridique, nous subissons des pressions à propos des processus de nationalisation de l’eau, du gaz et des télécommunications réalisés à l’occasion de la Journée Internationale des Travailleurs (1er mai - NDT). Je demande, dans ce cas, où est la « sécurité juridique » pour nos femmes, adolescents, enfants et travailleurs qui cherchent de meilleurs horizons en Europe ?

Promouvoir la libre circulation de marchandises et des finances, alors qu’en face nous assistons à l’emprisonnement sans procès pour nos frères qui essaient de circuler librement, c’est nier les fondements de la liberté et des droits démocratiques.

Dans ces conditions, si cette « directive retour » est approuvée, nous serions dans l’impossibilité éthique d’approfondir les négociations avec l’Union Européenne et nous nous réservons le droit de mettre en place pour les citoyens européens les mêmes obligations de visa imposées au Boliviens depuis le 1er avril 2007, selon le principe de réciprocité diplomatique. Nous ne l’avons pas exercé jusqu’à ce jour, justement dans l’espoir de voir de bon signaux de la part de l’UE.

Le monde, ses continents, ses océans et ses pôles, vivent d’importantes difficultés globales : le réchauffement climatique, la pollution, la disparition lente mais certaine des ressources énergétiques et de la biodiversité tandis qu’augmentent la faim et la pauvreté dans les pays, fragilisant nos sociétés. Faire des migrants, qu’ils soient avec ou sans papier, les boucs émissaires de ces problèmes globaux, n’est pas une solution. Cela ne correspond à aucune réalité. Les problèmes de cohésion sociale dont souffre l’Europe ne sont pas la faute des migrants, mais le résultat du modèle de développement imposé par le Nord, qui détruit la planète et démembre les sociétés des hommes.

Au nom du peuple de Bolivie, de tous mes frères du continent, de régions du monde telles que le Maghreb, de l’Asie et des pays d’Afrique, je lance un appel à la conscience des liders et des députés européens, des peuples, citoyens et activistes d’Europe, pour que le texte de la « directive retour » ne soit pas approuvé.

Telle que nous la connaissons aujourd’hui, c’est une directive de la honte. J’appelle également l’Union Européenne à élaborer, dans les mois prochains, une politique migratoire respectueuse des droits humains qui permette de maintenir ce dynamisme profitable à nos deux continents et qui répare une fois pour toute la terrible dette historique, économique et écologique qu’ont les pays d’Europe envers une grande partie du Tiers Monde, qui referme une fois pour toute les veines toujours ouvertes de l’Amérique Latine. Vous ne pouvez rater aujourd’hui vos « politiques d’intégration » comme vous avez échoué avec votre prétendue « mission civilisatrice » du temps des colonies.

Recevez, chers tous, autorités, euro parlementaires, camarades, un fraternel salut depuis la Bolivie. Et en particulier, notre solidarité envers tous les « clandestins ».

Evo Morales Ayma
Président de la République de Bolivie


Besos

2 commentaires:

Lili a dit…

coucou mon mathiasou

je vois que tu t`es pas encore fait sauvagement kidnappe ni mordre par de sales bestioles venimeuses, c`est super. Ce qui est encore plus super c`est que ton voyage se deroule aussi bien. Je trouve que ta phrase Le temps est le plus grand luxe du voyageur est extraordinnairement, incroyablement, superbement, carrement vraie. Il ne me reste plus que 10 jours a Londres et deja j`apprehende le retour comme une folle est cette espece de depression post-voyage que connaissent bien tout ceux qui se sont suffisament attache a un pays ou a une ville. En clair, jai pas envie de rentrer, et quand je pense a la rentree j`ai des nausees et des sueurs froides. Sinon pour te mettre au courant de ce qui se passe dans le reste du monde (enfin, dans notre petit groupe) Louise et Adrien ont ete pris a l`IEP de Rennes. Je suis super mega contente pour eux (surtout pour Louise), ils ne seront donc pas avec nous a la rentree, mais c`est bien mieux comme ca pour eux.
Je te fais mille besos, et j`attends ton retour, comme ca on pourra deprimer ensemble.
Cheers chico.
Lise

Anonyme a dit…

Juste pour dire que des grèves illimitées, il y en a eu également en France dans l'éducation nationale, que même si le rapport de force a été beaucoup plus long, ça n'a pas pour autant fonctionné. A mon avis, ça dépend beaucoup plus de l'ardeur que tu (et les syndicats) y mettent et de ce point de vue là, je pense qu'entre la France et là où tu es, y'a pas photo.